Alain Michon

« Interpréter, capter, restituer la voix homérique" (Edit)

Intervention Phillippe Brunet et Alain Michon

Selon l'intitulé de notre intervention je souhaite tout d'abord parler de l'Espace que je qualifie vivant;
Trouver un lieu vivant pour enregistrer, c'est à cet endroit que commence ce que l'on pourrait oser nommer une Epopée : une suite d'évènements de caractère héroïque et sublime!..
En effet, c'est à partir d'un lieu que se construit le projet pour capter l'interprétation de Philippe Brunet et en restituer une image sonore au plus proche de sa recherche.

-→ L'espace vivant c'est quoi?

C'est un lieu qui a une identité propre, en le choisissant, je propose à l'acteur un contexte sonore avec lequel il va devoir composer voir même re-composer son interprétation et faire de l'espace son partenaire de jeu.

Ces espaces peuvent être intérieur comme extérieur ou semi découvert (cour intérieur, patio, jardin d'un cloitre d'une abbaye etc...

Ces espaces ne sont pas neutralisés ni isolés acoustiquement ce qui implique souvent des contraintes pour le preneur de son. La mise en place des séances est plus longue que dans un studio, l'acteur doit trouver sa place dans le lieu en testant les diverses formes de réponses acoustiques tandis que le preneur de son doit lui aussi trouver l'emplacement et le choix du système de captation en tenant compte des critères de la salle en évaluant, voir mesurant la quantité de la réverbération, sa nature : (courte longue avec écho), sa répartition spectrale, ce qui fait la couleur de l'image sonore.

IL lui faut aussi déterminer le point , le spot entre le champ direct et du champ réverbéré c'est ce qui déterminera l'emplacement de l'acteur et du système de microphones pour un équilibre entre l'espace intime du chanteur et sa projection dans l'espace. Au delà du développement de la voix dans l'espace , ce point ce focus participe également à l'écriture dramaturgique qu'on pourrait donné à l'enregistrement, ( voir les séquences sonore sélectionnées plus bas

dans un espace révélé le sonore atteint notre corps avant que le sens qu’il véhicule ne soit perçu.

un seul mouvement comme le geste calligraphié ou un plan séquence au cinéma. C'est d'ailleurs ce qui contraint l'acteur a jouer sur le fil puisque le montage

Pour moi l'espace est vivant quand il se caractérise en réponses acoustiques attractives qui seraient en mesure de soutenir ou d'impulser de nouvelles perspectives au chant de Philippe Brunet.

Tout espace est vivant sauf la chambre anéchoïque ou chambre sourde qui est conçue pour précisément annuler toutes réponses acoustiques.

L’espace vivant deviendrait donc un partenaire, comme une muse qui aurait la capacité de répondre, d’accompagner et qui serait l’écho du chant inspiré de l'Aède.

IL se passe le même phénomène lorsqu'un acteur ou danseur découvre pour la première fois une scène, d'instinct il teste le son , en fait , il joue avec l'espace pour voir comment le son se répercute , comment le son revient à lui , si la sonorité du lieu porte sa voix et comment elle est perçu du public. pour comprendre lieu il se déplace et teste les divers lieux et prends possession du lieu.

-→ Comment le preneur de son s’arrange t'il pour faire exister ce partenaire? quelles sont les stratégies et techniques pour le faire apparaître?

Notre cerveau est adapté à reconnaître les espaces vivants, nous n’avons pas d’yeux derrière la tête mais des oreilles qui savent interpréter la provenance des sons et si le son semble être bienveillant ou dangereux. Alors si nos oreilles savent discerner la qualité, la direction, l'intensité des ondes sonores, alors elles savent aussi différencier les lieux. Par exemple, une cave en terre battue, une cage d'escalier en béton, un amphithéâtre en bois ou une chambre avec moquette sera immédiatement identifié même les yeux fermés. Notre perception sonore est fine et également adaptée à relier la nature des sons à notre mémoire: telle sonorité d'une salle réverbérante peut nous rappeler un souvenir douloureux d'un hall d'hôpital ou au contraire un brouhaha de conversation de café pourrait nous renvoyer vers le souvenir heureux d'une première rencontre.
Ces quelques exemples pour réaffirmer que nous sommes sensibles aux sonorités des lieux, une prise de son qui en tient compte a de bonne chance de rendre le message plus poétique que technique et c'est peut être un des éléments de réponses de notre projet.

Le chant de l'Aède porté aujourd'hui par Philippe Brunet est un chant qui se déroule dans le temps long des 24 chants de l'Iliade et de l'Odyssée. Comme pour ses interprétations dans les théâtres romains de France et de Grèce il cherche les moyens les plus simples au profit d'une recherche d'authenticité. Il n'utilise pas de lumière et s'arrange pour que son spectacle finisse à la tombée du jour, ainsi le soleil couchant accompagne le départ des acteurs, la scène portée par les ombres jaunes rouges et or se vide et elle laisse apparaître l'architecture du lieu contenat encore pour quelques instants la mémoire de l'Epopée qui vient d'être contée.

C'est cette sensation d'authenticité que l'on voudrait obtenir en occupant ces lieux vivants, vivant par les actes que nous y déposerons.

Dans mes diverses post-productions j'ai remarqué avec quelle facilité on mélange des atmosphères acoustiques prélevées dans l'espace vivant. En effet il suffit de prévoir en amont du projet des séances d'enregistrement avec une variations de plans du plus proche au plus lointain en tenant compte de la qualité acoustique du lieu.

En tenir compte, c'est aussi faire le choix de tels ou tels capteurs que l'on va utiliser (cellule omnidirectionnel, cardioïde , hypercardioïde etc...) pour révéler, occulter, privilégier, isoler des parties du spectre sonore.

Ce sont ces choix qui conditionnent une prise de son cohérente avec le projet, à chaque prise c'est une mise scène sonore que l'on opère, le v-but étant d'inscrire le chant dans une résonance qui va le porter.

Ci-dessous quelques exemples sonores pour mettre en évidence la place des capteurs en relation avec l'acoustique des lieux.

Interprétation (Edit)

Le fait de produire du sonore mobilise l’acteur dans son corps entier dans un espace. Avec le preneur de son, il sont amenés à se produire dans un espace à gouverner, dans un temps et une durée définie.

Comme le ferait un peintre face un échéancier de couleurs, ils échafaudent ensemble leur cadre de jeu en fonction du lieu, ils s'emploient à tirer parti des contraintes en choisissant des solutions appropriées choix et placement du micro, choix de l'instrument, rapport de distance avec le système de captation, séquence fixe ou en mouvement.

L’écoute de la résonance du lieu est l’occasion de se laisser glisser dans le bruit dans laquelle cette résonance va s’exténuer tout en l’amenant à la surface de l’écoute : une résonance est un toboggan pour l’attention, en la suivant l’attention prend un élan propre à lui faire embrasser ce que sans cet élan, elle néglige Extrait du cours d’Eve Couturier, intervenante 1ère année.

- à projeter la voix de l'acteur dans quelque chose de plus grand que sa propre intimité

- Quelles sont mes motivations pour proposer des enregistrements dans des lieux non conventionnnels?

En choisissant des lieux vivant

...et quand il n'y a plus rien...le dehors apparaît; plus présent...

• Les plans sonores.

, l’enregistrement nomade, l' incitation à parcourir des lieux aux sonorités complexe.

Parcours

la chaîne du sonore De la prise de son à la diffusion