Conversations
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Conversation entre « espaces vivants » et chant homérique...(Edit)
- Philippe Brunet, sur les traces du chant Homérique, connaît le texte qu'il a lui même traduit, il l'a traduit pour être chanté. Les caractéristique de son interprétation sont dans la structure de l'hexamètre, une improvisation libre (jeu dans l'attaque et le relâchement des syllabes, la durée des silences...>>>
- L'élan du chant poétique, c'est le lieu qui l'inspire?
- La structure de l'hexamètre, comment se module t-il dans l'espace résonant?
Ce que nous apporte un lieu non traité acoustiquement :
- Un milieu vivant animé par les hommes et les femmes qui y vivent et avec lesquels nous avons un échange, ces lieux ont bien souvent une histoire et une acoustique que les propriétaires aiment à nous faire partager, ils nous inspirent.
- Un temps de travail non limité par des contingences d'horaires et de tarifs .
- Un espace grand, ouvert, une architecture qui permet un jeu entre le très proche et le très lointain
- Un investissement physique à échelle humaine.
- Trouver sa source d'inspiration en s'adaptant aux conditions étonnantes (le sol du colombier tapissé d'écorces vermoulues et de ronces, une chouette nichée dans les combles qui de temps à autre prend son envol, le chien de la maîtresse qui s'aventure haletant autour de notre installation). C'est l'impression d'insécurité qui conditionne un expression au fil du rasoir, faite de ruses, de stratagèmes pour déjouer les difficultés sonores et structurelles d'un lieu non traité. Conditions qui pourrait nous faire penser à la Mètis, l'intelligence du détournement: l’autre (l'espace résonant) avec lequel il faut négocier est alors la matière même de la création.
Studios ou lieu non conventionnels? (Edit)
Dans un studio d'enregistrement point de public encore moins de résonance puis qu'on s'ingénie à l'annuler pour n'en garder que le substrat minimal, c'est après, en post production que l'on donnera à la voix son éclat. Mais à cette étape, le chant de l'Aède est déjà rentrée au musée, c'est à l'ingénieur a qui l'on confie l'expression.
''...Dans un lieu vivant, le poète-traducteur se trouve dans la même situation qu’Homère : façonner du matériau prosodique, rythmer de l’expression récurrente, tisser des sonorités en réponse directe de la résonance du lieu qui accueille. Une réponse dont le poète-traducteur à besoin pour moduler son récit, comme il le ferait devant un public.
C'est au moment même de l'enregistrement que tout se déplie, l'ingénieur du son sait que l'expression prend forme presque définitivement à ce moment du travail, là, il s'ingénie seulement à ce que les fantaisies de l'aède ne débordent pas des capacités techniques de ses appareils, à noter les reprises de vers non conforme au texte initial. Si besoin était, il demande de recommencer suffisamment pour reprendre le fil globale de la naration .
L'aède a besoin d'un élan, il peine à morceler son récit comme il devrait le faire en studio, ici il trace son épopées dans l'enregistreur en continue, à la manière d'un calligraphe il pose son pinceau et fini son parcours en un seul geste. En studio avec le procédé de re-recording et l'enregistrement multi-pistes, on vise à la perfection, on a tendance à refaire à morceler à recommencer autant de fois que nécessaire jusqu'à se perdre l'âme du récit. Les erreurs tant qu'elles ne dénaturent pas le texte du poète traducteur ravivent l'écoute, rapproche le récit dans sa quotidienneté, elle se rapproche de ce qu'on pourrait nommer la performance.
Le geste sonore de l'Aède pourrait se comparer à celui du danseur. Un danseur comme l'Aède sait intégrer un espace vivant (à chaque lieu une expression adaptée) il sait jouer avec la lumière, la structure, la surface du plateau pour donner à sa danse sa fluidité.
Accentuer, marquer, tenir, tendre sont les activités principales du lecteur-récitant. Comme le danseur , l'Aède ménage sa langue, façonne son matériau, triche, joue, régule, adapte les mots, utilise le rythme et le retour périodique de la marque rythmique pour façonner son épopée.
C'est je crois ce qui nous rapproche avec Philippe, ce compagnonnage avec l'espace vivant.
L'espace vivant environné de sa réponse acoustique c’est le lieu de l’échange.
Pas plus qu’on ne peut enregistrer l’épopée seul dans son studio, on ne peut chanter les hexamètres sans recevoir la réponse complice d'un lieu et de l'opérateur qu'il la préparé.
Enfin, l’expérimentation orale dans le lieu vivant est un élément essentiel de cette pratique. Elle n’est pas un élément de validation tenté après coup, mais le lieu même où se réalise la scansion, où s’élabore ce que l’analyse a pour but de décrire.
...Pour incarner cet Autre, condition nécessaire à l’interprétation vocale, il suffit d’une personne privilégiée. L’écoute valide le retour des temps et des mots, et instaure le cercle comme image de l’epos. La solidarité de l’aède et de celui qui reçoit la parole façonne un lien, une culture commune, une sorte de paideia...
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