Alain Michon

Edit | History | Recent changes | List of all pages

l'espace du son-le son dans l'espace

This revision is from 2022/01/21 21:11. You can Restore it.

mise en scène de la prise de son
L'espace vivant c'est quoi?
L'Illiade et l'Odyssée
Les Perses


Semaine du son de l'UNESCO / mardi 25 janvier / maison de l'Université Rouen Mont-St-Aignan.(Edit)

Intervention Phillippe Brunet et Alain Michon

« Interpréter, capter, restituer la voix homérique" (Edit)

Trouver un lieu pour enregistrer, c'est le début d'une Epopée; une suite d'évènements de caractère héroïque et sublime!..
En effet, c'est à partir d'un ou de plusieurs lieux que s'élabore le projet de Philippe Brunet : capter l'interprétation et restituer une image sonore au plus proche de ses recherches sur les traces d'Homère.

Comme Achille dans l’Iliade et Démodocos dans l'Odyssée, Homère déploie son chant au gré de l’inspiration divine des muses.

Nous faut-il trouver un espace divin !..
Non pas, mais assurément un espace vivant, pour les poèmes de la voix !..

L'espace Vivant.(Edit)

L’écoute de la résonance du lieu, Réapprendre à se surprendre
L’écoute de la résonance du lieu est l’occasion de se laisser glisser dans le bruit dans laquelle cette résonance va s’exténuer tout en l’amenant à la surface de l’écoute : une résonance est un toboggan pour l’attention, en la suivant l’attention prend un élan propre à lui faire embrasser ce que sans cet élan, elle néglige Eve Couturier,

Tout espace est vivant, tout espace renvoie, accentue, redistribue avec plus ou moins d'intensité des fréquences d'un son. On nomme ce phénomène la réverbération dont la couleur est directement liée à l'architecture du lieu, à ses dimensions et aux matériaux qui le constituent.
Mon travail est d'abord un travail d'écoute des lieux, puis de sélections des paramètres en capacité de soutenir ou d'impulser de nouvelles perspectives au chant de Philippe Brunet.

En choisissant certains de ces lieux, je lui propose un contexte sonore avec lequel il va devoir composer voir même re-composer son interprétation et faire de l'espace son partenaire de jeu.

La plus-part du temps, ces espaces libres non conventionnels pour la prise de son ne sont pas neutralisés ni isolés acoustiquement comme le sont les studios de son ; ce qui implique des contraintes pour le preneur de son. La mise en place des séances est plus longue que dans un studio, il doit trouver l'emplacement du système de captation idoine en tenant compte des critères acoustiques et spatiaux de la salle. Il teste en frappant des mains, émet des notes continues évalue, voir mesure la quantité de la réverbération, sa nature et sa répartition spectrale.

Il se passe la même chose lorsque l'acteur découvre pour la première fois une scène, d'instinct il teste le son, joue avec l'espace pour voir comment le son se répercute et revient à lui, si la sonorité du lieu porte sa voix et comment elle peut être perçue du public. A ce moment là, il commence à prendre possession du lieu en composant avec le retour acoustique tout en construisant son récit qu'il modulera au fur et à mesure de son jeu.

Cette interactivité naturelle entre l'acteur et le lieu est une voie qui nous semble approprié aux interprétation des poèmes d'Homère.

Le point de distance critique.(Edit)

Pour déterminer l'emplacement de l'acteur dans le lieu ainsi que l'implantation du système de microphones, le preneur de son cherche le point de distance critique entre le signal direct et le champ réverbéré. Le point de distance critique c'est le point d'équilibre entre l'espace intime du chanteur (sa propre caisse de résonance) et là où commence à être perçue les premières réflexions de son chant dans l'espace. c'est le point à partir duquel s'édifie l'écriture dramaturgique et spatiale de la voix. Soit on se rapproche de la source et on diminue progressivement l'impact de la salle, soit on s'en éloigne et petit à petit on perd de l'intelligibilité, le sens du texte devient plus lointain, flou, plus mystérieux.

A partir de ce point on peut alors parler de mise en scène de la prise de son d'écriture spatiale et d'écriture dramaturgique.

Variations des plans à partir du point d'écoute critique.(Edit)

Plans en mouvements: mise en scène de la prise de son.(Edit)

Du plan proche au plan lointain, c'est un mouvement sonore qui est créé. Dans ce jeu dynamique entre le lointain et la proximité, soit le mouvement est réalisé en amont à la prise de son soit en aval lors du mixage en post production. Dans le premier cas le mouvement se réalise en un plan séquence, un déjà fait déjà mixé où le parcours du chanteur se déroule autour de l'emplacement des micros, l'acteur exécutant son parcours comme le ferait un calligraphe exécutant son dessin en un seul geste sans décoller son pinceau de la feuille.
Dans le deuxième cas, l'acteur ne bouge pas, il fait face à des micros installés sur plusieurs plans, du plus proche au plus lointain, reste au mixeur à privilégier tel ou tel plan et à inscrire un mouvement.

Quel lieu, pour quelle interprétation.(Edit)

Le chant de l'Aède Homère porté aujourd'hui par Philippe Brunet est un chant qui se déroule dans le temps long des 24 chants de l'Iliade et de l'Odyssée. Comme pour ses interprétations dans les théâtres romains de France et de Grèce il cherche les moyens les plus simples au profit d'une recherche d'authenticité. Il n'utilise pas ou peu de jeu de lumières et s'arrange pour que son spectacle finisse à la tombée du jour, ainsi le soleil couchant accompagne le départ des acteurs, la scène portée par les ombres jaunes rouges et or se vide, elle laisse apparaître l'architecture du lieu contenant encore pour quelques instants la mémoire de l'Epopée qui vient d'être contée.
C'est cette même sensation d'authenticité que l'on voudrait obtenir avec nos prises de son dans les lieux vivants, vivant par les actes que nous y déposerons.

Faire apparaître sans imposer, faire disparaître pour créer une tension d’écoute (aller chercher le son, faire advenir le désir d’aller vers la source, amener l'auditeur à tendre l'oreille, laisser la muse s’exprimer par le mystère.
Dans notre projet d'enregistrement Philippe Brunet souhaite interpréter Homère seul. Homère d'une seule voix s'adresse à la fois aux convives, il est le narrateur, puis alternativement il prends la place d'autres personnages tel que d'Ulysse, le Cyclope, Calypso, Télémaque Athena etc.
Choisir des lieux c'est vêtir le personnage de son habit de scène.

Quels sont les moyens que l'on se propose de mettre en œuvre pour refaire une fiction du parcours de la voix d'Homère. Les multiples ressources de mise en scène de la voix et de la lyre dans l'espace, les paysages sonores enregistrés et les ambiances sonores fabriquées.

Il nous faut choisir un lieu pour que chaque évocation ait une sonance qui s'accorde avec les évocations épique du chant d'Homère.

La voix du récit d'Homère, les discours, les voix de ses évocations, ce qu'il traverse, à qui il s'adresse?
Pour porter ces différents récits, le texte reconstitué d'Homère accompagné de la lyre pourrait être nécessaire et suffisant; le jeu dans l'agencement des mots, l'accentuation des syllabes, la métrique en hexamètre la qualité des descriptions, le renvoie vers de multiples situations épiques, il y a là de véritables partitions traduites par l'helléniste Phillippe Brunet qui devraient suffire pour exalter l'écoutant. Mais en t'on aujourd'hui les capacités d'écoute?

Dans un premier temps il nous apparait d'une part qu'il faille jouer des extraits et d'autres part de les inscrire dans une durée et un format conventionnel , un vinyle (20 mn pour chaque face) , un CD pour écoute ne continue de 70 mn. Une autre forme plus moderne pourrait être envisagée sous la fporme de téléchargement ce qui impose un format de compression sur lequel il faudrait travailler puisque notre orientation serait plutôt de favoriser la dynamique plutôt que l'intensité. Dynamique égale respect des rapport des sons faible et des sons fort et c'est ce que l'on vise en enregistrant dans les espaces vivants du lointain au plus proche.

Ces quelques exemples pour réaffirmer que nous sommes sensibles aux sonorités des lieux, une prise de son qui en tient compte a de bonne chance de rendre un message plus poétique que technique et c'est peut être un des éléments de réponses de notre projet.


-→ qu'est ce qui plus vrai que nature?


suite d'espaces.(Edit)

Ci-dessous quelques exemples sonores pour mettre en évidence la place des systèmes de captation en relation avec l'acoustique des lieux.

''une scène intime légèrement distanciée, une ambiance extérieur, un impact sonore sur un objet résonant

playstoploopmute

Damien Poisblaud avec les Chantre du Thoronet.
playstoploopmute
{small} ici le point focus est clairement établi, les première réflexions restent au niveau du chanteur lead et la réverbération extraordinaire de l'abbaye du Thoronet porte les harmoniques, mais nous avons reproché à cet enregistrement de ne pas être assez spirituel, en effet, la voix serait presque trop reliée à la terre plutôt que vers les cieux . Encore une fois, le chef de cœur Damien Poibleau aurait sans doute préféré ma voix spirituel et moi dans mon inconscient de réussir ma prouesse technique : le bon enregistrement, j'ai opté vers un point focus trop près de la source trivial de l'humain!... ON voit que par cet exemple je tends à démontrer que des choix technique impliquent une lecture sensible d'un message , il s'agit alors de considéré l'acte technique comme tout et partie de l'ensemble de l'œuvre}


Enregistrement Couple stéréo DPA 4021 en concert public en l'abbaye du Thoronet Juillet 2010

Chorale Zbor Eglise de Brig AlpehnChorFestivalBrig / Ht-Valais Suisse
playstoploopmute
Enregistrement Couple stéréo DPA 4021 en concert public.

{ apprécier l'unité entre la source et la réponse de l'église{/small}





-→le studio de son, avantages et inconvénients


Technique et esthétique: quelle est la question?
L'Espace est vivant de Jean Cousin
conférence au Parana / Brésil

Ce que nous écartons

Travailler dans des studios très absorbants aide à réduire ces phénomènes de fuites. Pour atteindre cet objectif, l'ingé-son rapproche le microphone de l’instrument. C’est une des raisons qui fait que les pistes n’ont souvent pas de réverbération. Se rapprocher de la source, permet de capturer des timbres de l'instrument , timbre qui seront magnifiés par la suite lors du mixage avec des réverbérations artificielles pour obtenir une qualité plus vraie que nature.
Dans les productions de l'industrie du disque, l’habitude est d’avoir des sons avec beaucoup de proximité pour donner un son riche et puissant avec dans chaque piste des effets algoritmiques distincts. Ce n’est pas forcément le cas pour les techniques d'enregistrement classiques ou et quelques techniques de jazz dans lesquelles nous plaçons souvent les micros à une certaine distance de l’orchestre ou du groupe, enregistrant simultanément le son de tous les musiciens, plus le son de la pièce.
Dans les studio de son on tend à normaliser leur réponses acoustiques pour les rendre neutre de façon à privilégier le timbre de l'instrument. A charge ensuite à l'ingénieur en post production de recomposer un espace avec une ou plusieurs réverbération artificielle. Le studio de son et les conditions de fonctionnement qui lui sont liées : neutralité, homogénéité, proximité,durée des prises, coût horaire d'un ingénieur et du local, fait que nous nous orientons plutôt vers des lieux non conventionnels pour la prise de son.

La chambre anéchoïque ou chambre sourde, est conçue pour précisément annuler toutes réponses acoustiques, ce sont des lieux de mesures acoustiques et pas des lieux pour l'expression, on est surpris par la maigreur d'un son comme celui d'une cymbale par exemple l'amplification harmoniques étant complètement absorbée par les parois en mousse.

Acoustique et zone d'études, Bernard Lagnel

: